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En un peu plus de dix ans, j'ai eu l'occasion de rencontrer nos législateurs à de nombreux niveaux, et à de nombreuses occasions. Petit retour sur une rencontre, qui symbolise assez bien l'état d'esprit de ces dernières années.

Etat d'esprit? De quel état d'esprit voudrais-je parler? De la vision de nos législateurs vis à vis des données, pardis! Mais commençons par le début.

Imaginez lors d'une rencontre avec un de nos responsables politiques, la discussion embraye autour d'un problème de confiance entre les médias et les entreprises traitant les données. Les sous entendus sont nombreux, le fait de traiter des données personnelles est vu comme une peste noire. Et c'est au cours de la discussion qu'on apprend qu'une récompense a un jour été discutée pour le développement de la société, mais que finalement, notre nom a été rayé car, vous comprenez, il y a un risque avec des données personnelles.

La remarque pouvait passer inaperçue, mais elle reflète finalement comment une poignée de personnes "bien pensantes" considèrent les sociétés travaillant avec des données personnelles. C'est une nécessité, mais publiquement, il faut éviter de s'afficher à nos côtés, car ce n'est pas à la mode, c'est risqué. En sortant du rendez-vous, j'avais l'impression d'exercer un métier sale, indispensable, mais sale.

Le sentiment est bien présent en Europe depuis des années, mais il s'est accentué depuis l'arrivée de la GDPR. Si une société capte des données personnelles, tous les voyants s'allument en rouge, comme si on comparait une société qui collecte et traite des données à une industrie historique polluante. Le data bashing serait-il lié involontairement au green washing?

Alors, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas écrit, nous avons toujours essayé d'aller plus loin en transparence que ce que la législation belge l'imposait avant la GDPR, et il en est de même aujourd'hui. Une réglementation claire est importante, et la transparence également, mais l'énergie développée pour légiférer certaines dérives des GAFAs devrait également être utilisée pour soutenir et construire nos propres industries.

Des dérives des GAFA, certes, il y en a, mais l'Europe dépense sans compter pour légiférer en masse contre quelques multinationales alors que son tissu économique est majoritairement rempli de PME, et que le cadre aujourd'hui ne favorise pas l'éclosion de ces quelques PME pour devenir les licornes européennes dont nous avons tant besoin.

Des revendications? Certes, mais c'est le rôle du législateur de créer ce cadre positif, le mien est de gérer cette entreprise. Et j'espère qu'un jour, je n'aurai plus cette impression que nos dirigeants ont peur de ce que nous faisons, car c'est un beau métier, c'est une passion, et il est plus que temps que l'Europe pousse ses sociétés pour devenir les premières GAFA européennes.
Pouf. C'était le bruit du pavé dans la marre, tout est presque dit dans le titre, mais si vous êtes arrivés jusqu'ici, je vous engage néanmoins à prendre les quelques minutes pour lire la suite.

Il y a 10 ans, on s'est lancé dans l'aventure, créer une société technologique avec un concept en Belgique. Lors du lancement et des premières années, j'ai rencontré des personnes formidables, positives, et un grand nombre de sceptiques. Je ne reviendrai pas sur les sceptiques, ma foi je le suis parfois aussi sur certaines technologies, mais sur l'accueil global de la solution, et sur un point important, le local.

Lors du lancement, la presse a découvert le projet, et nous avons reçu une couverture, souvent négative, s'interrogeant sur l'utilisation d'un medium gouvernemental à des fins privées, pourtant bien prévues par le législateur et demandée par les parlementaires. De ce fait, nous nous sommes retrouvés bien malgré nous sous les feux des projecteurs, avec des articles incendiaires, et plutôt que de se désespérer, nous avons rempli un mur entier de coupures de presse criant au scandale.

Quelques années plus tard, nous avons commencé à rencontrer des personnes attentives, comme le CEO de MediaMarkt en son temps, qui voulait volontairement donner la chance à de plus petites structures pour lancer leurs produits sur le marché belge. Le succès du système embarqué par la chaîne a été important, et l'est toujours aujourd'hui, et j'en serai reconnaissant toute ma carrière. Le succès est certes multifactoriel, mais celui-ci en fait de facto partie.

En dépit de cela, je rencontre de plus en plus avec les années de sociétés qui font le choix de structures internationales (SAP, SalesForce, Adobe, Oracle, etc) pour tout ou partie de leur business, alors que des solutions nationales existent à chaque fois pour les fonctionnalités recherchées. Au sein des sièges des groupes internationaux étrangers, le mouvement est plus identitaire, on retrouve quasi à chaque fois les partenaires nationaux, il existe bel et bien un certain "chauvinisme" national dans les solutions supportées par les enseignes à l'étranger... Mais pas en Belgique.

Que ce soit pour la presse, que ce soit pour le secteur retail, cette préférence locale technologique existe peu. Je ne m'avancerai pas sur les raisons, elles sont multiples, mais c'est un choix que chacun doit prendre en âme et conscience, à chaque niveau.

Chez Freedelity, on essaie de faire travailler des acteurs locaux de préférence. Certes parfois cela a un coût, certes parfois une solution internationale est mieux packagée sur papier, mais dans la réalité nos fournisseurs ne sont pas des étrangers, ce sont avec les années devenus des amis, sur qui on peut compter, et avec qui on développe un intérêt respectif à ce que le marché se porte bien. Vous me prendrez certainement en défaut pour l'un ou l'autre point, mais la liste des partenaires nationaux est longue, et le critère géographique est toujours pris en compte dans la recherche de fournisseurs.

Consommer local, c'est important, c'est en vogue depuis des années dans le secteur alimentaire, mais ce sursaut de patriotisme ne devrait pas se limiter au secteur alimentaire ou production, derrière les services, il y a des consommateurs, il y a des citoyens, qui ont tous intérêt à ce que le marché national se porte bien, car ils vont aussi consommer localement. Tout ceci n'est finalement qu'un grand cercle vertueux.

Alors, peut-être me trompe-je, peut-être que ce mouvement est déjà en place, mais j'étais encore témoin d'une demande pour une simple plateforme d'automatisation emails sur un fil de discussion il y a peu, et les noms belges étaient écartés d'office, car le grand groupe US était la référence que tout le monde doit utiliser pour être la tendance. Et si la tendance, c'était plutôt de connaître les personnes derrière ces technologies? Si nous mettions le focus sur un ecosystème national plus fort?

Non, cela ne sera pas possible pour tout, mais si le critère local devenait un des critères de sélection dans les projets, je vous promets que les répercussions seraient importantes en création de valeur pour notre petit royaume.

Sébastien
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