31/10/2005 @ 18:12:34:
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"Ecoutez, mon vieux, vous êtes en train de faire une grosse bêtise, ai-je crié. Ce n'est pas en nous gardant enfermés ici que vous vous ferez une clientèle. Comment voulez-vous que les gens entrent ? Et qui dit "pas d'entrées" dit "pas de rentrées". Vous devez pensez à vos retours sur investissement. Déjà qu'avec la façon dont vous chauffez, la facture risque d'être salée.
On connaît ça, vous savez. Nous par exemple, rien que pour amortir ce qu'on a dépensé pour la salle de muscu ou le banc solaire, Gianfranco a calculé qu'il devrait maquer deux filles pendant trois ans, Pietro prévoit d'épouser une veuve pleine aux as, et moi je compte remporter deux titres de Mister Univers avant de partir en tournée avec les Chippendales, c'est vous dire.
Notez, je ne raconte pas ça pour vous en mettre plein la vue avec nos bizness plans, mais juste pour expliquer que je sais de quoi je parle, et puis pour vous montrer aussi qu'on a de l'ambition et des projets. On pourrait vous intéresser à nos bénéfices. Une piscine, pour nous, c'est un peu comme un incubateur d'entreprises. On en a besoin pour nous lancer dans les affaires. Vous auriez tout à y gagner. Non?"
Une petite pause pour lui laisser le temps d'assimiler tout ça, mais il n'y a pas eu de réaction, enfin, si l'on fait abstraction des rires sardoniques qui continuaient de plus belle. Oh et puis à quoi bon? Manifestement, ce type n'avait aucun sens des affaires. Je perdais mon temps à essayer de discuter sérieusement avec lui. Autant essayer de l'apitoyer. D'ailleurs, entre deux ricanements, il s'était mis à fredonner. C'était déjà une bonne chose, qui indiquait une propension à se laisser attendrir. Je croyais reconnaître "Un'emozione per sempre". Un mec qui aime Eros Ramazotti ne pouvait pas être foncièrement mauvais.
(à suivre)