24/10/2005 @ 19:50:24:
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Le temps jouait contre nous. Gianfranco, toujours plaqué contre le bord de la piscine, avait cessé de remuer. Pietro avait glissé et était retombé dans l'eau, mais nous étions tous trop flagadas pour l'aider à sortir.
A contrecoeur, Mauro avait entrepris de mettre à exécution son projet d'enfoncer la porte. Mais que ce soit par faiblesse ou par manque de conviction, ses efforts n'avaient produit qu'un bruit flasque. A croire qu'il s'était fait mal, pourtant, car il est resté là sans plus bouger, comme s'il s'était assommé.
"Il faut parlementer, ai-je dit. C'est notre seule chance." En tâchant de ne pas trop suffoquer dans cette atmosphère humide, j'ai pris une profonde inspiration et j'ai crié : "Laissez-nous sortir !" Au bout d'un moment, il m'a semblé percevoir comme un léger ricanement derrière la porte.
Encouragé par ce début de résultat, j'ai ajouté : "Nos parents sont riches, il vous paieront une grosse rançon." Bon, c'était juste une mise en voix, histoire de le faire réagir. Je savais bien que ce n'était pas très crédible, surtout pour lui, qui avait vu avec quel empressement nous avions accepté le salaire dérisoire qu'il nous proposait – rémunération dont la modestie serait compensée, avait-il insisté, par des gratifications liées aux résultats, sous la forme de primes par noyade évitée. (A la réflexion, je me demande si on ne s'était pas doublement fait avoir.)
En tout cas, cette première tentative pour entamer des pourparlers n'est pas restée sans effets, puisque de l'autre côté, le ricanement s'est mué en un énorme éclat de rire qui, malgré la chaleur étouffante, nous a fait froid dans le dos.
(à suivre)