17/09/2013 @ 00:00:00:
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Freedelity]:
Episode 4 - Lutter contre les idées reçues
Freedelity - Episode 4 - Lutter contre les idées reçues
Quatrième épisode, déjà des milliers de caractères, quelques idées et expériences partagées, et pourtant encore tellement d'histoires à vous raconter. Pour ce quatrième épisode donc, je vais aborder le problème des idées reçues, à savoir "l'eID, c'est mal".
Alors que dans votre tête de geek une idée paraît parfois lumineuse, il faut se rendre à l'évidence que parfois, quand on rencontre les "vrais gens", ils vous regardent avec un oeil dubitatif, se demandant si vous aviez complètement perdu la tête, ou si vous aviez abusé d'une substance illicite, et pour ceux qui me connaissent, ce n'est certainement pas la substance illicite qui doit être retenue. Une autre planète donc? Mais pourquoi, cela semble si évident?
D'utiliser son eID comme carte universelle, quand autour d'une table on en parle avec des amis, on entend que non, certains sont réticents, qu'ils préfèrent ne pas utiliser cet outil jugé "privé" ou "administratif", et pourtant quand on explique ce que contient la carte, à savoir trois fois rien, les sourires se décrispent, ... et les derniers circonspects changent d'avis le jour où ils rentrent dans un commerce et qu'on leur demande leur carte d'identité pour leur offrir 3 mois d'abonnement à un quotidien.
Ne pas croire ce qu'il se dit autour d'une table
Alors que l'on pourrait croire que l'avis d'amis, d'experts est éclairé autour d'une table, en brainstormant de manière intelligente, la réalité du marché est toute autre. Les enquêtes officielles démontraient que 70% de la population était prête à une utilisation commerciale de ce petit bout de plastique, la réalité du terrain montre que souvent, on dépasse les 90%, et les réfractaires des premiers jours sont au final après ces années parmi les plus fidèles fans.
Parler de votre concept est important, mais avoir un avis tranché avec juste quelques personnes est impossible sans essayer l'idée sur un marché de test, ce que nous avons fait, et fort heureusement. Les gens, moi y compris, demandent une simplification de toute l'"administration" dans le secteur public, mais aussi dans le privé et l'informatisation dans toutes les enseignes du commerce multiplient à souhait les endroits que vous devez prévenir pour déménager et les cartes en tout genre. Au final, en plus de rendre la vie plus simple pour les commerçants, le fait de simplifier la vie des consommateurs est certainement une des clés du succès jusqu'ici de la plateforme, et ce ne sont pas les consommatrices qui nous ont téléphoné pour nous remercier qui diront le contraire.
Convaincre un consommateur n'est pas convaincre un investisseur
Faciliter la vie du consommateur, il le comprendra rapidement, il n'est pas dupe comme certains peuvent le penser dans quelques médias et entreprises. Il sait la plupart du temps ce que contient sa carte, et contrôle d'une manière ou d'une autre l'utilisation qui en sera faite. Mais dans nos premières démarches pour financer notre projet, nous nous sommes heurtés à une toute autre difficulté: convaincre des investisseurs que l'idée était bonne.
Je reviendrai sur ce point prochainement, mais après nous avoir demandé d'avoir un projet fonctionnel, on nous a demandé de valider l'idée auprès des consommateurs car ils pensaient tous que personne n'accepterait de donner sa carte d'identité. Peur de l'innovation? Peur de la réussite? J'avoue que je ne saisis pas encore toujours si c'est ça, ou la réticence au changement et à l'ordre en place, et force est de constater que nous n'avons pas manqué de ruer dans quelques brancards ces dernières années.
Et aujourd'hui?
Dans nos premières présentations, la question venait dans les 5 premières minutes et il nous fallait batailler pour convaincre. Mais après avoir réussi à dépasser une taille de base conséquente (plus de 700k consommateurs à ce jour), la question ne fait plus toujours surface, ou attend parfois la fin du meeting pour rassurer le partenaire que "non, ce n'est pas tabou de demander une carte d'identité". La forme compte, et laisser le choix au consommateur de refuser de la donner a toujours été notre devise, après tout, si il préfère perdre du temps pour s'enregistrer et compléter un formulaire reprenant ses nom et adresse, c'est son choix le plus strict.
Les mentalités autour de la carte changent, et le fait que nous soyons restés quasi 5 ans sans réelle utilité de cette carte n'a pas aidé au lancement de notre projet, nous aurons dû batailler pour que ce concept naturel à sa naissance et accepté par la majorité de la population le soit également par le business qui lui, craint très logiquement pour son image.
Et demain?
Il nous reste encore du travail, tout le monde n'a pas encore adhéré au concept, mais cela augmente tous les jours. Il est amusant d'ailleurs de voir que presque sur un cas sur deux en cas de "fermeture" lors d'une discussion, dès que l'on essaie de faire une démo à la personne, une fois sur deux elle se retrouve déjà inscrite via un de nos partenaires. Si je me permets de pousser un peu le phénomène, je le comparerais à l'utilisation des téléphones mobiles. Des personnes voyant l'intérêt direct et adoptant la technologie immédiatement, d'autres criant "over my dead body" mais qui ont aujourd'hui des abonnements illimités, des oreillettes, des téléphones en voiture, etc... Lutter contre l'immobilisme des mentalités, si votre idée est bonne et simplifie la vie des gens, elle ne peut que percer!
Sébastien