20/11/2013 @ 10:00:00:
[
Freedelity]:
Episode 10 - La Wallonie
Wallonie, terre d'accueil, terre qui gagne ? Avant que vous n'entamiez la lecture de cet épisode, j'ai quelques aveux à vous faire. Je suis né en Wallonie (à Charleroi pour être précis) et une fois sorti de la maternité j'ai été domicilié en Brabant Wallon, ce Brabant si prolifique et si plein de dynamisme. Comprenez-moi donc bien : je suis brabançon, attaché à ma ville (Nivelles) mais je ne me sens pas moins wallon que belge ou citoyen européen. Et pourtant, je suis convaincu que certaines mentalités sont transmises non pas par l'environnement ou le cadre de vie, mais bien par l'éducation. La mienne étant très "flamande", ceci explique probablement cela.
J'aurais rédigé cet article lors de notre lancement, j'aurais eu tendance à être plutôt négatif sur le "rêve wallon". Il faut savoir que lorsque nous avons démarré nos activités, nous avons bénéficié d'une forte couverture de la part des médias francophones, que ce soit en télé, en radio ou en presse écrite ; couverture qui a largement relayé la naissance du projet et contribué à la faire connaître. Dans le même temps, l'agence de presse Belga a publié un petit entrefilet d'une dizaine de lignes, en français et néerlandais, et ce court texte a été reprise in extenso par une grande partie des quotidiens francophones, ainsi que par par deux ou trois journaux néerlandophones. Eh bien, croyez-le ou non, mais nous avons reçu à l'époque autant, si pas plus de marques d'intérêt de la part de la Flandre que de la Wallonie, avec pourtant bien peu de visibilité au nord du pays.
Ce côté plus attentiste de la Wallonie n'a pas encore changé; on aime critiquer, discuter des projets mourants et dans une discussion de "café du commerce" on entendra d'abord parler des projets qui se sont vautrés avant que l'on aborde quoi que ce soit de positif. Et pourtant, il est évident que le milieu des startups ITC a besoin d'un optimisme et d'un positivisme bien plus important que ce qu'il reçoit pour continuer sur sa lancée. Une entreprise que le milieu adore critiquer l'a compris il y a de longues années : Microsoft. Pourtant, elle stimule à sa manière via le MIC et bien d'autres initiatives la créativité des jeunes entrepreneurs. Par le truchement de ses programmes d'accompagnement, l'entreprise en profite certes à sa manière pour mettre en avant ses propres technologies (charité bien ordonnée commence par soi-même), mais ils offrent également une visibilité importante pour les entreprises et un coup de pouce non négligeable pour les jeunes pousses.
L'accessibilité
Bien que les premières lignes de code de Freedelity aient été écrites à Nivelles, et que nous ayons commencé notre histoire dans cette ville, nos premiers bureaux officiels s'ouvrirent à Bruxelles - à Anderlecht, pour être précis. Car Bruxelles, il faut le reconnaître, offre une panoplie d'avantages et regroupes pas mal d'initiatives très positives. Cependant, les problèmes endémiques de trafic que connaît la ville provoquent également un stress assez important pour les employés, et notre déménagement fin 2012 pour un retour aux sources a permis à l'équipe d'abandonner ce fardeau totalement inutile. Le retour en wallonie pour des personnes vivant en périphérie de Bruxelles assure un trajet dans le calme quasi tous les jours. Plus d'obligation de prévoir une marge de sécurité pour arriver au bureau, le timing est le plus souvent parfait, et l'ambiance est nettement plus détendue - le stress provoqué par les embouteillages étant plutôt contre-productif en début de journée. L'emplacement des bureaux est donc un facteur crucial pour la dynamique d'une entreprise qui gagne, productivité et bien-être étant intimement liés.
L'administration
L'administration wallonne est en évolution, mais se trouve encore aujourd'hui dans un état très disparate. La région propose toute une série d'aides pour les jeunes entrepreneurs et les petites entreprises, et il faut admettre que ces aides sont encore bien plus intéressantes pour l'instant dans le sud que dans le centre du pays. Mais ces aides dépendent, comme toujours, de personnes qui doivent traiter vos dossiers. Selon qu'on a face à soi de la bonne ou de la mauvaise volonté, voire de l'incompétence, on réalise rapidement qu'un postulat a hélas la vie dure dans les bureaux de l'administration : un dossier en moins, c'est du travail en moins. On peut mesurer la progression réalisée dans la réponse parfois ultra-efficace et rapide que l'on reçoit de certains départements, comme on peut aisément jauger de l'immobilisme pesant qui sévit encore dans d'autres, et peut se mesurer à l'aune d'un délai de plusieurs mois pour une simple réponse à un courrier (pour autant que l'on n'ait pas malencontreusement jeté ou perdu le courrier en question. Et si, cela nous est arrivé).
Dans tous ces méandres, on pourrait imaginer centraliser les contacts entre entreprises et administration pour une productivité et une réactivité accrues, en appliquant par exemple le modèle que les banques tentent de mettre en place ces dernières années pour privilégier une contact personnel attitré qui agisse comme un intermédiaire privilégié en gérant un petit nombre de dossiers. On peut rêver, non ?
Les années passant, et vu le nombre important de dossiers ouverts et de participations à des activités organisées par certains services (nous apprécions particulièrement dans le domaine le dynamisme de l'AWT), certaines personnes que nous avons rencontrées ont plus ou moins endossé - souvent de manière informelle, s'entend - cette casquette d'intermédiaire, sans avoir hélas pas la reconnaissance qu'ils méritent pour tout ce qu'ils font afin de rendre cette économie locale plus performante. Nous pensons précisément à certaines personnes qui se reconnaîtront, et envers lesquelles nous sommes redevables pour la (petite) notoriété qui est la nôtre aujourd'hui, tout comme pour une partie de notre succès.
Conclusions?
Autant il y a quelques années, nous aurions été moins optimistes sur le rôle économique de la région comme moteur d'initiative, autant aujourd'hui nous avons le plaisir de constater l'apparition de toute une série d'initiatives qui vont dans le bon sens pour le milieu startup/ICT. Certes, il y a encore de nombreux efforts à fournir pour que notre petit pays soit l'endroit idéal pour démarrer sa société informatique sur la toile mais nous préférons donner dans l'optimisme et croire que ce qui se fait aujourd'hui n'est que l'aube de l'évolution des prochaines années. Il faut juste bien se souvenir que les autorités publiques ne sont pas là pour vous tenir la main et créer votre entreprise à votre place, mais bien pour vous mettre en main les outils nécessaires et proposer un terreau positif, et que c'est à vous et à vous seul, lecteurs et entrepreneurs, de prendre les rennes de votre destin et d'oser l'aventure.
Sébastien