Titre: Adobe Creative Suite 5.5, une release en demi-teinte (06/06/2011 Par Clandestino)
Introduction
Après la version CS4 de sa célèbre suite graphique, Adobe nous avait gratifiés de la version CS5. Après la CS5, la CS6 ? Eh non. l'éditeur a décidé de passer par une release intermédiaire, la CS5.5. Structurellement, cette nouvelle mouture reste similaire à la précédente, en ce qu'elle se décline en cinq versions : la Design Premium, la Design Standard, la Web Premium, la Production Premium et la Master Collection. Les différentes configurations de ces versions restent également identiques, si ce n'est que Audition CS5.5 remplace Soundbooth CS5.

Que représente concrètement cette "demi-release" ? Plutôt que de remplir des dizaines de pages indigestes, nous avons opté pour une approche purement différentielle qui recensera les principaux ajouts et changements par rapport aux versions précédentes. L'ensemble y gagnera en clarté et en longueur.

Photoshop CS5...1 !


Première surprise : il n'y a pas de photoshop CS5.5, mais bien un CS5.1. Une évolution de numéro de version mineure, qui laisse croire que peu de choses ont changé. Et en apparence, c'est effectivement le cas, car les nouveautés sont rares et peu marquantes. En fait, le gros du travail s'est concentré sous le capot, sur le moteur de scripting qui désormais s'ouvre aux applications tierces et aux appareils connectés - iDevices, smartphones, autres ordinateurs, ... - qui peuvent dès lors communiquer et contrôler le logiciel installé sur votre machine.

Adobe en a d'ailleurs profité pour lancer, en même temps, trois applications iOS destinées à l'iPad d'Apple. Ces applications permettent d'utiliser la tablette à la pomme comme une barre d'outils à distance et comme un périphérique de dessin (Adobe Nav), de créer des esquisses et des croquis que l'on reportera sur l'éditeur desktop par la suite (Adobe Eazel), ou encore de transformer votre iPad en nuancier digital (Adobe Color Lava). Pour vous donner une idée de ces possibilités, regardez donc la vidéo ci-dessous.



Et pour une réelle évolution de photoshop, on attendra probablement la version CS6 (quand ? C'est une excellente question, merci... Probablement en 2012, d'après l'éditeur.)

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InDesign et Dreamweaver
InDesign CS5.5

Le nouvel InDesign s'éloigne du modèle formel de l'édition papier / prépresse pour s'acoquiner avec les nouveaux appareils nomades. Pour ceux-ci - tablettes en tête, bien évidemment - il est désormais possible de créer nombre de documents spécifiques, présentations, eBooks, ... En outre, l'ouverture à la "Digital Publishing Suite" de l'éditeur apporte de nouvelles perspectives en matière de production, de distribution et d'analyse à destination des mêmes appareils mobiles. La conversion et la transformation de publications traditionnelles vers un support de type tablette ou smartphone s'en trouve grandement facilitée. A noter que cette plateforme d'édition intègre des solutions de monétisation des publications, notamment via la gestion des abonnements et l'intégration avec des plateformes comme l'Apple AppStore, l'Android Market et le Blackberry AppWorld.

On notera également un nouveau panneau de commande pour les articles, offrant davantage de contrôle sur l'exportation des séquences de textes, d'images et autres objets graphiques, et la faculté de pouvoir mapper directement un style vers un tag HTML, EPUB ou PDF. Enfin, l'inclusion des "PDF Accessibilities Features" facilitent la création de documents PDF lisibles par les personnes souffrant de handicap visuels, chromatiques ou perceptuels.

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Dreamweaver CS5.5

Dreamweaver ne déroge pas à la règle et suit la tendance générale en s'orientant vers la mobilité en incluant le runtime jQuery Mobile et le framework PhoneGap. Ces deux composants permettent de créer des interfaces utilisateur optimisées pour les terminaux nomades, mais également de déployer facilement des applications natives développées en utilisant des technologies standard (HTML5, CSS3, Javascript). Pour cela, Adobe a entre autres revu en profondeur le preview Multiscreen, qui désormais permet de visualiser le produit fini simultanément sur plusieurs appareils différents.

Le logiciel s'aligne évidemment sur les derniers standards en vigueur pour l'HTML et le CSS, adopte un moteur de rendu "live view" basé sur Webkit, revoit la conformité du code généré avec les recommandations W3C et améliore les fonctionnalités intégrées de gestion des versions.

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Flash à tous les étages
Flash Professional CS5.5

On prend les mêmes et on recommence : mobilité et convergence numérique à tous les étages. Peu importe le support, qu'il s'agisse d'un ordinateur de bureau, d'un portable, d'une tablette, d'un smartphone ou même d'une télévision. L'accent est clairement mis sur la gestion de projets multiplateformes, grâce à un système de gestion de projet et de processus amélioré capable de prendre en compte plusieurs fichiers sources à destination de terminaux différents, avec des tailles et des résolutions d'écran distinctes, et une meilleure intégration avec le module d'émulation Device Central. Le mise à niveau touche évidemment l'ensemble des runtimes, de Flash Player 10.2 et AIR 2.5 aux dernières version d'iOS, d'Android ou de WebOS.

Sur le fond, on notera une nouvelle fonction de sauvegarde automatique et de récupération de données en cas de plantage, l'apparition de la compilation incrémentielle, la possibilité de tester un projet directement sur un mobile connecté en USB, l'optimisation du système de cinématique inverse pour les animations complexes et une gestion affinée des calques.

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Flash Catalyst CS5.5

Ici aussi, on ne change pas une équipe qui gagne. C'est encore l'aspect multi-plateformes qui prévaut plus que jamais, que ce soit du côté de Flash Catalyst (qui permet aux designers et aux utilisateur de Photoshop, Illustrator ou Fireworks de rapidement créer des applications interactives Flash sans devoir se farcir la partie programmation) ou de Flash Builder (qui permet, lui, de développer des applications web plus complexes reposant sur le framework Adobe Flex).

N'étant pas un familier de Flash (je sais, honte sur moi), je n'ai pu réellement appréhender toute la richesse et la puissance des nouvelles fonctionnalités. Cela ne m'empêchera pas de les recenser, espérant juste que cela sera plus parlant pour vous que ce ne l'a été pour moi (c'est à dire... euh, "pas du tout", ça compte ?).

Donc, en résumé, on trouve dans cette nouvelle version de Catalyst un nouveau modèle complet de workflow bidirectionnel designer-développeur avec Flash Builder, la capacité de créer des applications et des composants qui s'adapteront de manière transparente aux différentes tailles et résolutions d'écran, une timeline améliorée pour plus de liberté dans la création d'effets et de transitions complexes, un système de définition de l'interaction-utilisateur plus évolué, et un nouveau panneau de contrôle destiné au prototypage rapide de composants natifs (Si tout ce qui précède a le moindre sens pour vous, soyez sympa, ne me laissez pas mourir idiot !).

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Un Pro du X et les autres
Acrobat X Pro

En tant que papa du format PDF et du logiciel Acrobat, Adobe se devait de mettre à jour son application d'authoring. Dans les faits, cela se traduit par quelques petites innovations bien sympathiques. Par exemple, la faculté de regrouper plusieurs documents d'origine et de nature diverses dans un "portfolio" virtuel, ce qui facilitera grandement une distribution groupée. Ou encore, la capacité d'automatiser certaines tâches répétitives. On notera un outil de scan amélioré, l'intégration native avec Microsoft Sharepoint et la possibilité de travailler directement sur des documents qui y sont stockés, une association encore plus poussée dans Office 2010, et enfin le partage de documents directement via Acrobat.com, la plateforme collaborative d'Adobe.

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...Et les autres ?

La version de CS5.5 que nous a généreusement fournie l'éditeur étant la "Design Premium", nous n'avons hélas pu faire nos armes sur After Effects, Audition ou Premiere Pro. Nous ne manquerons pas de demander des copies de test de ces trois logiciels, mais en attendant il vous faudra faire preuve de patience.

Quand aux autres logiciels que nous n'avons pas cités - Illustrator, Fireworks ou Contribute - ils sont en pratique identiques aux versions de la précédente release, la CS5 (même s'ils se voient affublés d'un passage à la version CS5.1 pour la forme).

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La question qui fâche
Et ça coûte combien ?

Justement, avant de se fâcher en parlant gros sous, je me permet de vous rappeler que depuis la sortie de cette nouvelle release, Adobe a changé son fusil d'épaule en ce qui concerne son modèle économique. Bien sûr, il est toujours possible d'acheter un produit ou une suite de manière ponctuelle, mais il est désormais aussi possible de l'acquérir sous forme d'un abonnement (mensuel ou annuel, à votre discrétion). Comme nous avions débattu de ce point dans notre podcast n°3, je vous suggère une écoute attentive de nos voix douces et sensuelles pour une meilleure compréhension de la chose.

Toujours est-il que, en achat "one shot" ou en abonnement mensuel, ça douille. Beaucoup. Dans notre verte et riante contrée, la Master Collection (le top du summum du best of ze best) se négocie aux alentours des 3.500 brouzoufs en version complète ou vers les 2.000 brouzoufs en mise à jour, rien que ça. La même en location, avec paiement à l'année, vous reviendra dans les 175 euros par mois. Si vous craquez pour une Design Premium, apprêtez-vous à devoir vous séparer de 2.300 euros (1.200 euros en upgrade) ou 107 euros par mois (toujours avec paiement à l'année).

Mais la beauté du modèle d'abonnement, c'est que tous les produits Adobe, individuellement, sont disponibles sous cette forme. Vous n'avez besoin que de Photoshop, d'Illustrator et d'After Effects ? Cela réduira la facture d'autant. Surtout qu'il est également possible de ne prendre un abonnement que pour une durée déterminée - sur le temps d'un projet, par exemple.

Au final, on ne peut que saluer l'introduction de ce nouveau système, car il offre beaucoup de souplesse aux petites et moyennes entreprises qui n'ont pas toujours les capacités financières des gros studios.

Et il faut y passer ou pas ?

Si vous êtes un afficionado de Flash, désolé, je ne peux pas répondre à cette question (même avec mon avocat). Si vous êtes accro à Photoshop mais que vous ne comptez pas utiliser l'iPad comme outil de commande, non. La version CS5.1 n'apporte pas assez de nouveautés que pour justifier le changement. Idem pour Illustrator et Fireworks qui ne font que bénéficier de ce nouveau moteur de scripting. Par contre, InDesign et Dreamweaver arborent des innovations et des évolutions significatives, surtout si vous comptez vous lancer dans l'édition digitale ou le développement rapide d'application mobiles. Pour ceux-ci, la mise à jour est clairement recommandée si vous désirez rester compétitifs et disposer d'outils améliorés.

Et pour tous les autres je ne peux que vous conseiller deux choses : tout d'abord, continuer à consulter quotidiennement votre site d'actu IT préféré, car nous ne manquerons pas d'y poster les tests d'After Effects, d'Audition et de Premiere Pro dès que nous aurons mis la main sur les logiciels. Ensuite, de garder en tête que la prochaine release, la CS6, devrait certainement apporter des changements majeurs dans les applications phares de l'éditeur.
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