Titre: Curse of the Sea Rats (14/04/2023 Par Nic007)
Un quatuor sauvage.
Prenez l'un des genres les plus populaires de tous les temps, qui connaît une seconde jeunesse depuis une dizaine d'années, prenez un style graphique cartoonesque attrayant, ajoutez une intrigue pirate savoureuse et... des rats. Ce sont les ingrédients utilisés par Petoons Studio et PQube pour créer leur Curse of the Sea Rats, un metroidvania qui pique la curiosité pour certaines de ses mécaniques, et qui séduit dès le premier coup d'œil pour son aspect cartoonesque, qui compte tenu également de l'animal de référence rendu anthropomorphe, ne peut que rappeler ce chef-d'œuvre de l'animation qu'est Brisby et le Secret de NIMH de 1982. L'intrigue principale de l'aventure est introduite par une courte vidéo d'ouverture, suivie immédiatement de quelques dialogues très simples. Le navire du capitaine britannique Benjamin Fabbro a été attaqué sur la côte irlandaise par la sombre sorcière pirate Flora Burn, qui a transformé tout l'équipage, y compris le capitaine, en rats anthropomorphes grâce au pouvoir d'un anneau. Comme si cela ne suffisait pas, en plus de se présenter comme une menace grandissante par l'utilisation de ce pouvoir arcanique, la sorcière a kidnappé le jeune fils du capitaine, Timothy (un autre facteur qui s'avère probablement être une autre référence au Secret de NIMH). Malheureusement, tout ce que le capitaine peut faire, pour ne pas abandonner le navire et son équipage, c'est d'envoyer une poignée de quatre prisonniers de l'Empire britannique avec pour mission de sauver son fils, de récupérer l'anneau et de retrouver les corps humains. Comme c'est souvent le cas, les choses vont de mal en pis, et notre aventure commence vraiment peu après. Dans les premières étapes, nous rencontrerons également Wu Yun, un esprit présent à l'intérieur de l'Amulette Ancestrale qui nous a été remise au début du jeu, ainsi que l'autre fragment de l'Œil du Serpent, le joyau qui va de pair avec l'anneau de la sorcière. Wu Yun nous aidera et nous guidera tout au long de l'aventure, en nous permettant d'augmenter notre puissance, de nous téléporter, de nous soigner au maximum, et en nous faisant changer ou sélectionner le(s) héros actif(s). Mais qui sont nos quatre héros ?
Les quatre prisonniers ont été transformés en versions "rat" de ce qu'ils étaient en tant qu'hommes et femmes, et devront s'habituer à leur nouveau corps en s'améliorant au fur et à mesure, et en utilisant leurs capacités uniques. Les quatre membres de la brigade sont David Douglas, un colon américain récemment enrôlé dans l'armée continentale pour combattre l'Empire britannique. Il attaque avec un sabre et son pouvoir magique lui permet de tirer un puissant coup de feu. Sa tenue vestimentaire est une autre excellente référence, puisqu'elle est clairement inspirée de celle de Guybrush Threepwood dans The Monkey Island 2. Vient ensuite Little Bison, un chasseur Cheyenne arrêté pour avoir libéré des chevaux d'un détachement britannique alors que les soldats étaient endormis. Elle frappe avec des dagues aussi bien au corps à corps qu'à distance. Son attaque magique lui permet de lancer des dagues électriques. Un personnage très équilibré qui permet de gagner du temps. De son côté, Bussa est un esclave échappé de l'île de la Barbade, à la tête d'un groupe de rebelles opposés à l'esclavage. Le plus tankiste des personnages, très fort, il attaque toujours au corps à corps avec ses poings, et son attaque magique crée une onde de choc dans les environs immédiats. Enfin, Akane Yamakawa est une onna-bugeisha japonaise. Guerrière du shogunat en mission secrète en Amérique. La plus mince des personnages et la plus agile, elle est capable d'attaquer avec sa lance en succession rapide. Elle possède une action magique qui exploite la puissance de l'eau et la fait bouger lorsqu'elle frappe ses adversaires. Comme vous l'aurez deviné, ils ont tous leurs forces et leurs faiblesses, et leurs capacités uniques augmenteront, changeront et évolueront au fur et à mesure que vous jouerez. Leur caractérisation ne s'arrête pas là, puisque ces quatre héros improvisés possèdent en fait des personnalités distinctes, et souvent dans l'histoire, lorsque nous rencontrons des boss, elles auront une façon de se manifester (elles ont toutes été doublées entièrement en anglais).
Des entrailles de la terre au ciel !
Commençons par le commencement : Curse of the Sea Rats est un titre qui, par construction, reprend les caractéristiques stylistiques classiques des metroidvanias en 2D, c'est-à-dire une carte avec des décors qui défilent verticalement et horizontalement, avec des salles et des zones interconnectées qui alternent les changements de lieux et de biomes, des combats d'action, ou des monstres qui réapparaissent à chaque fois que vous passez d'une vignette à l'autre (à l'exception des boss, bien sûr). En partant de ce principe, beaucoup d'entre vous seront ravis d'apprendre qu'il est possible de jouer à l'aventure comme bon vous semble, qu'il s'agisse d'une aventure solo stimulante ou d'un véritable abordage avec plusieurs personnages à l'écran (jusqu'à 4, bien sûr). Vous pouvez changer de personnage ou ajouter/supprimer des joueurs aux points d'énergie spirituelle élevés (ceux où nous pouvons invoquer Wu Yun), où notre vie se rechargera également au maximum et où nous pourrons dépenser nos points d'esprit pour nous améliorer. Les statistiques du personnage seront toujours visibles dans le menu, où vous pourrez également garder un œil sur votre inventaire et vos objets. Pour combattre, vous disposez des boutons classiques d'attaque, d'attaque spéciale, de parade (indispensable contre certains ennemis) et de saut. Comme déjà mentionné dans la présentation des personnages, chacun d'entre eux dispose d'une attaque spéciale différente. Les vraies questions, cependant, se posent lorsqu'il s'agit de monter en niveau : comment nos prisonniers vont-ils monter en niveau ? En tuant des ennemis, vous accumulerez de l'expérience, des points d'esprit et de l'or.
L'expérience vous permet de monter en niveau, et les niveaux sont partagés, de sorte que les quatre personnages les obtiennent et montent en niveau en même temps. Il en va différemment pour les points d'esprit : il s'agit de l'une des monnaies du jeu, qui permet d'activer des portails de téléportation et d'acheter des améliorations dans les arbres de compétences de nos personnages. Attention cependant, les compétences sont uniques et dédiées au personnage choisi, donc si vous voulez améliorer d'autres personnages, vous devrez récolter des points d'esprit. Ceux-ci fonctionnent en partie comme des âmes : si vous mourez, vous en perdrez un petit pourcentage qui restera sur le lieu de votre mort et que vous pourrez récupérer en y retournant. Le fait de n'en perdre qu'une partie n'est absolument pas punitif et vous procure une certaine détente. Bien entendu, lorsque vous reviendrez à la vie après une défaite et que vous retournerez au dernier point d'invocation que vous avez visité, vous devrez supporter la leçon de Wu Yun, qui n'hésitera pas à vous "insulter poliment" en rabaissant vos compétences. Enfin, l'or sera votre monnaie d'échange avec certains vendeurs qui pourront vous fournir des objets utiles au cours de votre mission. Il y aura également des PNJ, comme le veut le genre, qui vous assigneront également des tâches secondaires que vous pourrez décider d'accomplir pour obtenir des avantages.
Une réalisation à la hauteur ?
Techniquement parlant, Curse of the Sea Rats demeure un jeu crossgen, il n'y a ainsi pas énormément de différences entre les moutures PS5 et PS4. On peut dire que l'équipe du studio Petoons a fait de son mieux pour réduire l'input lag, ce qui est largement réussi, mais le gameplay souffre un peu de désagréments contre les ennemis où la vigilance est de mise, comme ceux où la parade est vitale. Les combats de boss sont différenciés et très savoureux à gérer, et comme le reste du jeu ne conduisent pas le joueur à la frustration totale : l'apprentissage et la répétition seront toujours de mise, mais même si vous n'êtes pas un maître du genre, vous vous en sortirez quand même, surtout si vous jouez à plusieurs. Tout cela se traduit par un concept très épuré, avec une présence des ennemis à l'écran jamais trop envahissante, des pièges et des obstacles qui vous mettront à l'épreuve, des dessins animés jamais trop compliqués dans leur conception, et de nombreuses situations différentes à étudier. Pour conclure notre critique de Curse of the Sea Rats, nous aimerions noter plusieurs caractéristiques importantes qui méritent d'être mentionnées. Tout d'abord, celle qui est la plus visible, la partie qui a probablement captivé et intrigué les joueurs : les graphismes. Curse of the Sea Rats est artistiquement un bonbon, beau à regarder et dessiné entièrement à la main, avec quelques défauts qui se remarquent dans certains cas sur des espaces un peu plus ouverts et des décors dont la résolution n'est pas parfaite.
Comme mentionné au début, le style utilisé rappelle l'immortel film d'animation Brisby et le Secret de NIMH, mais ce n'est pas la seule référence. En effet, on retrouve à plusieurs reprises des influences de Monkey Island, même au niveau narratif, en commençant par la tenue de David, jusqu'aux interludes vidéo qui se déclenchent automatiquement lorsqu'on atteint un lieu ou une étape ("en attendant..." et on est catapulté dans un bateau pirate où le capitaine s'adresse à son équipage). Parmi les dernières notes, nous tenons à rappeler que le titre est entièrement traduit en français, des dialogues aux menus, en passant par la description des objets. D'autre part, nous ne devons promouvoir qu'avec réserve la bande sonore, pas trop distinctive et simplement des notes entraînantes en arrière-plan. En revanche, il est difficile d'expliquer pourquoi la version physique du jeu coûte 20 Euros de plus que la mouture digital (39.99€ sur disque contre 19.99€ en numérique), d'autant plus qu'il n'y aucune bonification particulière dans le boitier excepté un poster d'une carte au trésor.
VERDICT
Curse of the Sea Rats est un petit jeu vraiment pas mal, qui pourrait devenir inoubliable pour beaucoup. Très citable au regard des grandes œuvres du passé, c'est un metroidvania frais sans jamais devenir trop punitif, permettant au joueur d'apprendre de ses erreurs et de tirer le meilleur parti de ses forces. C'est une aventure qui ne cherche pas les chemins compliqués en ajoutant divers artifices, mais qui, en quelques mouvements simples, est amusante et terre à terre, surtout lorsqu'on y joue avec des amis en mode coopératif. Les dessins à la main apportent un petit plus au spectateur, avec une fluidité pas mal et des couleurs qui rappellent les bons moments de l'enfance. Un charme certain donc.[/sup]