Il était une fois.
Lancé en 2001 sur PlayStation 2, le jeu Devil May Cry devait être à l'origine Resident Evil 4, mais les développeurs étaient allés tellement loin dans l'action et la violence que le projet fut refusé par Capcom. L'équipe de Production Studio 4 (l'ancien studio des célèbres designers Shinji Mikami et Hideki Kamiya) décida par conséquent de bâtir une toute nouvelle franchise, inspirée de la Divine Comédie. Douze ans plus tard, Devil May Cry (DmC) revient sous les traits d’un reboot qui ne manquera pas de déconcerter les fans de la série. Cet épisode a été conçu en Grande-Bretagne par le studio Ninja Theory (Enslaved), et affiche des choix de design totalement repensés. L’univers s’est en effet assombri, et le titre propose d’incarner le personnage dans sa turbulente jeunesse.
Il en ressort un univers graphique très particulier, passant rapidement d’un extrême à l’autre, du monde gothique au night club, en passant par des décors pop finalement très british. Une identité visuelle qui ne plaira pas à tout le monde, mais qui apporte un indéniable cachet au jeu de Capcom. Le concept lui n’a pas vraiment évolué, et il s'agit toujours de progresser dans des environnements semi-ouverts, tout en éliminant les nombreux ennemis que vous croiserez sur votre route avec une large kyrielle d’armes, dont les classiques épées et pistolets. Et comme Dante est le fils d'un ange et d'un démon (un Nephilim pour être précis), il aura même la possibilité de se transformer en furie pendant quelques instants pour faire rapidement le ménage à l'écran.
Classiquement votre ...
Si l'habillage change, certains mécanismes emblématiques de la saga sont toujours là, et vous serez sanctionné d'une note à la fin de chaque niveau de l'aventure (on en compte vingt au total). Le titre s'avère cependant plus progressif que ces illustres prédécesseurs, car on compte pas moins de sept modes de difficultés, allant de débutant au vraiment hardcore. Les points de contrôles sont par ailleurs très présents, seuls les combats contre les boss pourront poser quelques difficultés (surtout qu'il faudra du temps pour en venir à bout). Il sera bien sur nécessaire de collecter les orbes rouges pour pouvoir acquérir de précieux items. La boutique est toujours symbolisée par des statues, où vous pourrez également dépenser des points d'amélioration pour débloquer de nouveaux enchaînements. Notez que si le coup débloqué ne vous sied guère, il sera possible d'inverser la manipulation et de récupérer votre point puis de l'utiliser ailleurs.
La prise en main s'avère assez dynamique, et les habitués de la franchise retrouveront rapidement leurs anciens réflexes, même si le timing des combos semble moins précis que dans Devil May Cry 4. Notez que l'on retrouve également quelques séquences de voltiges grâce à l'utilisation des armes Arbiter et Osiris, qui permettent de tirer des éléments vers Dante ou au contraire de se propulser vers eux. Ces passages sont assez impressionnants, et il faudra une bonne synchronisation entre les deux armes pour ne pas sombrer dans le vide. L’aventure se compose d’une vingtaine de niveaux, garantissant une dizaine d’heures de jeu à accomplir. On notera néanmoins la présence de vingt-et-une missions secrètes à débloquer, et d'un mode Bloody Palace, comportant cent étages à gravir, et regorgeant de monstres en tout genre, cela va de soi.
De profonds changements ?
Sur le plan technique, DmC Devil May Cry s'en sort relativement bien, affichant des environnements riches en détails et une ambiance du plus bel effet, même si elle n'est plus franchement gothique, mais plutôt contemporaine. La galerie de personnages rencontrée est très variée, ainsi que les nouveaux ennemis présents. Le titre tourne sur l'Unreal Engine 3, et comme cela devient souvent le cas avec ce moteur, la version Xbox One est un peu plus nette que son homologue PS4, grâce à un anisotropic filtering plus efficace. Naturellement, le jeu tourne en 1080p et 60fps sur les deux supports, et des temps de chargements beaucoup plus courts que sur PS3/X360. Malgré le ballet incessant de combats, l'animation ne ralentit jamais et se montre très dynamique. Les enchaînements se font avec assez de naturel, bien que les angles de caméra ne soient pas toujours bien choisis. Entièrement doublé en français, DmC Devil May Cry baigne dans des musiques assez rock et une atmosphère finalement plus détendue qu'à l'accoutumée. Les morceaux sont dans l'ensemble très agréables, et les dialogues sont beaucoup moins creux que dans le quatrième opus, un bon point.
Cette version Definitive Edition s'appuie sur la version PC qui s'avérait déjà nettement plus aboutie que le titre PS3/X360. Elle comporte tout le contenu téléchargeable initialement paru (costumes de Dante, armes, l'accès au Palais de Sang, etc), une option Hardcore (le challenge est plus élevé et la commande Devil Trigger ne propulse plus les ennemis dans les airs), un mode Gods Must Die (tous les ennemis profitent du Devil Trigger activé, et aucun item ou restauration de santé ne peut être utilisé), quelques ajustements de gameplay pour améliorer la balance du jeu, une cinématique inédite (mais une séquence de DmC désormais censurée), le costume de Dante issue de DMC 1, une fonctionnalité Must Style (les ennemis ne subiront aucun dégât tant que le joueur n'aura pas atteint un enchaînement de rang S) ainsi qu'un mode Turbo (20% plus rapide et qui change donc la physionomie du jeu), un ciblage manuel (la caméra reste toujours centré vers l'ennemi souhaité, affichant également sa barre de vie), tandis que le Vergil Bloody Palace (La Chute de Vergil) rajoute quatre heures de jeu environ, et permet de suivre la descente aux enfers du frère de Dante, peu après l'épilogue de DmC. La prise en main de ce personnage est un peu plus délicate que celle de Dante, bien que ses attaques utilisent les mêmes combinaisons de touches.
VERDICT
Plus classique qu’on aurait pu l’escompter, DmC Devil May Cry signe une prestation plutôt réussie, même s’il manque un petit grain de folie, si chère aux productions japonaises. Une affaire de goût sans aucun doute, mais le résultat est déjà séduisant pour un premier essai. La réalisation technique est très travaillée, et le concept toujours aussi dynamique. La Definitive Edition permet de replonger dans cette aventure deux ans plus tard avec du contenu additionnel convaincant, une plastique encore plus aboutie, et des ajustements de gameplay efficaces.