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testeurdesite
Et si on arrêtait de se mentir?
La finalité de l'entreprise n'est ni de fournir des rentes financières à ses actionnaires ni d'assurer des rentes sécuritaires à ses employés. L'unique finalité de l'entreprise est de parfaire ses métiers et savoir-faire au service des besoins réels de ses clients.


(l'écho) - Le profit et l'emploi sont des conséquences, pas de buts en soi. C'est à force d'oublier ces idées de base que l'on en arrive à ce propos d'un ex-PDG : "J'ai créé mon entreprise pour ne plus avoir de patron, j'ai quitté mon entreprise pour ne plus avoir d'employés."

Le contrat d'emploi n'est pas un contrat de présence. Une large majorité des salariés l'oublie! 85% d'entre eux se soucient en effet comme d'une guigne de leur contribution réelle à l'entreprise qui les nourrit. Les syndicats sont là pour protéger les parasites et pour exiger toujours plus de rentes de sécurité. Le monde du travail est pourri à l'os.

Les chiffres en attestent de façon très parlante. Dans TOUTE entreprise de plus de 100 salariés, seuls 15% du personnel adhère au projet d'entreprise et entend y contribuer au mieux de son talent. Et il est intéressant de noter que ces niveaux d'adhésion sont presque indépendants du niveau hiérarchique. Parmi les 85% restants - compris au sein de la direction - , 70% de gens sont payés pour en faire le minimum et surtout ne prendre aucune initiative ni responsabilité.

Ils viennent là pour toucher leur chèque et n'en ont rien à fiche d'autre. Leur "vraie" vie est ailleurs et leur emploi n'est qu'un mal nécessaire pour la financer.

Mais il y a aussi 15% de parasites patentés, voire de saboteurs ultraprotégés. Une enquête française récente démontre en effet que plus de 70% des salariés prennent sciemment le risque d'importer des virus dans les systèmes informatiques de leur entreprise. CQFD. Il faut donc cesser de nous leurrer avec les gadgets psychosociaux de la motivation. N'est motivé que celui qui a faim ou soif de quelque chose, que ce quelque chose soit matériel ou immatériel, égotique ou sociétal, importe peu.

Or soyons bien conscients que 70% de la population salariée des entreprises n'ont faim ni soif de rien de ce que peut leur apporter une entreprise, hors le chèque de fin de mois. Ils ne "vivent" pas l'entreprise, ils la subissent! Avec plus ou moins de bonne volonté qui leur dit: "tant qu'à se faire ch?er, autant que ce soit le moins ch?ant possible." Je sais à quel point un tel propos peut être frustrant ou démotivant ou décevant pour nos gentils DRH, mais le début de l'intelligence, c'est la lucidité. Et les témoignages foisonnent. Il est plus que temps de sortir de l'angélisme ou du boy-scoutisme des années 80 et 90. époque à laquelle des consultants à la mode en GRH vantaient les vertus de la participation, des groupes de travail, de créativité ou de progrès, de la délégation de pouvoir à tous niveaux, de l'initiative et de la créativité à tous les étages avec boîtes à idées et autres billevesées, des gadgets risibles comme l'employé du mois ou la prime de 200 euros en fin d'année. Infantile!

Une fois pour toutes, chaque entreprise est une petite locomotive (son patron et 15% du personnel) qui tire 85% de wagons dont 15% mettent les freins. Quelle que soit l'entreprise, quelles que soient les qualités du management.

Le problème n'est pas spécifique, il est statistique. Les effets des talents charismatiques de tel ou tel manager, plus ou moins bronzé, porteront sur quelques petits pour-cent, guère plus. Le problème n'est pas - plus - là. Le problème de fond est la relation de la masse au travail. Le travail n'est plus une valeur sacrée, une valeur rédemptrice, une valeur en soi (et nul, dont moi, ne regrette qu'il n'en soit plus ainsi). La thèse de Weber, naguère explicative du succès économique des régions protestantes ("Si vous travaillez dur, Dieu vous récompensera et vous fera riche, c'est que vous l'aurez bien mérité"), ne fait plus recette.

Nos employés sont presque tous sortis de cette logique-là.

Nous vivons une époque où, pour reprendre les catégories de Freud, le principe de plaisir a totalement supplanté le principe de réalité.

Le travail conserve l'image d'une pénibilité qu'il n'a plus depuis bien longtemps. Sauf pour les quelques rares pour-cent de la population active encore astreints à des tâches physiquement dures. Curieusement, ces gens-là sont plus fiers de ce qu'ils font que la plupart des bureaucrates toujours en train de pleurnicher sur leur sort. Alors, dans nos sociétés ludiques et hédonistes, le travail, fidèlement à son étymologie ("tripalium" : instrument tripode de supplice), est considéré par beaucoup comme une torture. En revenant aux questions de fond, il en est une à se poser chaque matin: "Pourquoi donc te lèves-tu? Pour apprendre? t'épanouir? t'accomplir? te parfaire? te réjouir?" Ici encore les résultats d'une enquête effectuée voici quelques semaines dans la plupart des pays européens sont éloquents. à l'exception de la zone scandinave ou britannique où les pourcentages sont un peu meilleurs, le "travailleur" européen n'a qu'une réponse/motivation: gagner sa croûte et en faire le minimum.

Le travail ne l'intéresse plus! Chacun presque joue d'ailleurs au Lotto pour pouvoir devenir rentier et avoir le droit de s'ennuyer à mort et de mourir alcoolique. Au-delà de ces constats navrants, faut-il pointer un doigt vengeur et jeter l'opprobre? Non, bien sûr. La plupart de nos employés sont de braves gens qui, certes, n'en ont rien à faire de l'entreprise qui est la prunelle de nos yeux à nous patrons, le sens même de nos existences et la grande aventure de nos vies. Ces personnes-là ont une "vraie" vie ailleurs. Parfois médiocre, au football ou devant la TV. Parfois sublime grâce à leurs bénévolats ou leurs créations. Mais ailleurs, en tout cas! C'est à nous de tourner une page mentale. Notre entreprise n'intéresse presque personne pour ce qu'elle est, pour ce qu'elle vit, pour ce qu'elle crée. Pour l'état, les fonds de pension ou les banquiers, elle n'est qu'une pompe à fric que l'on espère ponctionner le plus longtemps possible avant de la jeter aux orties.

Pour nos fournisseurs: un canal de débouchés.

Pour nos clients: une solution toujours trop chère à leurs problèmes parfois bien posés.

Et, enfin, pour nos personnels: un fournisseur de rentes de sécurité et de confort.

Il faut entrer en lucidité comme on entrait dans les ordres: tout le monde, politiciens et syndicats en tête, se fiche de l'entreprise qui est un monde qui ne concerne, en fait, que 15% de la population (une infime minorité électorale, donc). Elle est une vache à lait que l'on trait un maximum et que l'on continuera de traire un maximum tout en lui laissant quelques maigres pâturages pour se nourrir et survivre.

N'oublions jamais que dans nos pays, la totalité du PIB est produite par 15% de la population totale (le reste: enfants, étudiants, retraités, malades, chômeurs, personnes au foyer, fonctionnaires, non-marchands, etc.) et que seuls 15% de ces 15% sont les moteurs de toutes nos entreprises (soit un peu moins de 3%). Tout le monde sait qu'il faut un gâteau pour pouvoir s'en goinfrer, mais seulement 3% de la population globale s'attelle à fabriquer ce gâteau. Il y a là comme un malaise ! Et cela ne fait que commencer...

A Marc Halévy - van Keymeulen, président du Groupe Maran et de Prospective Noétique.

11:01 - 18/07/2006
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