07/11/2005 @ 18:41:49:
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"Vous n'avez pas le droit de priver le monde de tous les talents réunis dans cette piscine. Ce serait une abomination, ai-je ajouté pour l'entraîner sur la pente savonneuse de la compassion. Pensez à toutes les filles qui nous attendent, pensez à leur déception... Pensez au gérant de la boîte de muscu, comme on va lui manquer... Et puis, surtout, pensez à l'humanité, à tout ce que nous pouvons lui apporter. Je n'ai rien voulu dire, par modestie, mais nous ne sommes pas seulement des biznessmen et des athlètes accomplis, nous avons un esprit, une intelligence, une âme, un sens artistique, je ne vous dis pas... Tenez, Mauro, qui se trouve là en ce moment, contre la porte, où vous pouvez le voir lamentablement affalé - enfin, où vous pourriez le voir si vous aviez assez de coeur pour l'ouvrir, la porte... Eh bien, Mauro Vehasci est un pur génie de l'informatique. Il sait comment installer un UPS sous Linux, c'est vous dire! Vous imaginez quelle perte ce serait pour la communauté scientifique s'il était empêché de briller de tout son éclat?
Et puis, il y a nos familles qui comptent sur nous, nos jeunes frères et soeurs, nos vieux pères et mères, nos futurs fils et filles, nos petits-enfants en puissance... tous ces gens dont nous sommes le sel de la vie, la prunelle des yeux, le soleil des nuits!"
C'était bon, là. Il ne chantait plus, ne riait plus. Le silence avait pris une qualité différente, une densité, une gravité, qui me donnaient à penser que j'avais marqué des points. Je devais pousser plus loin mon avantage et profiter de son hésitation pour instiller dans son coeur, à côté des remords que j'y avais fait naître, une sourde inquiétude quant aux conséquences de ses actes. Tâche délicate: il fallait le menacer sans être trop menaçant, pour ne pas compromettre ce capital de sympathie durement acquis.
Ce n'était pas à la portée du premier abruti venu, mais, soit dit sans forfanterie, je n'étais pas le premier venu.
(à suivre)